Auteur inconnu, Une salle de séquestration d’oeuvres au Musée du Louvre, ca. 1940, B 323-311 n° 26. Source : GENSBURGER, Sarah, « Images d’un pillage. Album de la spoliation des Juifs à Paris, 1940-1948 » sur Academia.
Avant d’entrer dans le coeur de cet article, il convient d’effectuer la distinction entre les termes “pillage” et “spoliation” afin d’éviter les amalgames. Le site akadem a pour vocation la diffusion de la culture juive. Créé par le Fonds Social Juif Unifié et soutenu par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, ce site semble à même de savoir ce qu’il en est de la spoliation nazie. En effet, dans leur article “La distinction entre le pillage et la spoliation”, la spoliation correspond à un “vol légal”, tandis que le pillage non (1).
Ayant pour origine le vocabulaire nazi, le mot “spoliation” entre dans le vocable français à la fin des années 1940. Il a pour signification “faire passer un bien de mains juives en mains aryennes” (2). Ce “vol légal” est une conséquence du processus d’aryanisation qui a eu lieu en France pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Etant donné que c’était une politique officielle et légale, il existe des fonds d’archives extrêmement importants qui permettent alors de connaître la circulation des biens spoliés dans le cadre d’un antisémitisme d’Etat.
Le pillage fut mis en pratique par Alfred Rosenberg, ministre du Reich pour les territoires occupés de l’Est en 1941. Les pillages en France ont surtout été pratiqués par les autorités allemandes. Le site akadem distingue deux types de pillage : les pillages ciblés et longuement préparés pour obtenir de grandes oeuvres d’art de collectionneurs ou marchands juifs, et les pillages d’appartements qui consistaient à vider entièrement des appartements juifs, et donc les vider des oeuvres d’art qui pouvaient s’y trouver (3).
En exemple de cette aryanisation en France, la ville de Reims a été victime de pillage de biens juifs. Présenté en 2008, le mémoire de master d’histoire de Romain Dupré dont le sujet est “La Communauté juive de Reims des années trente à la fin des années quarante” est publié sur Academia. Il est aujourd’hui docteur en histoire de à l’Université Paris 1, ce qui semble faire de cette source une source sûre. La France a essayé de contrôler et de légaliser le processus initié par les Occupants en reprenant les mesures qu’ils ont édicté pour ne pas voir disparaître une grande partie de leur patrimoine dans les mains des Allemands, mais pour les conserver au sein du territoire national (4).
A Paris, la spoliation des Juifs commence en 1940. Il y a des oeuvres entreposés au Jeu de Paume, au Louvre, ou encore envoyées directement en Allemagne dans des wagons. La majorité des oeuvres volées aux collectionneurs juifs sont notamment expédiées aux dépôts de l’ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg). Grâce à l’album photographique de Sarah Gensburger publié sur Academia, il est possible d’avoir un aperçu des pillages réalisées à l’époque à Paris, de 1940 à 1948. Membre du CNRS et ayant rédigé plusieurs papiers scientifiques sur le sujet, elle donne à voir une “écriture de l’histoire” (5) pertinente car également soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
(1) akadem, “La distinction entre le pillage et la spoliation”, consulté le 15 mars sur http://www.akadem.org/medias/documents/2-spoliations.pdf.
(2) Ibid.
(3) Ibid.
(4) DUPRE, Romain, “La communauté juive de Reims des années trente à la fin des années quarante”, 2008, consulté le 15 mars 2016 sur https://www.academia.edu/4840704/La_Communaut%C3%A9_juive_de_Reims_des_ann%C3%A9es_trente_%C3%A0_la_fin_des_ann%C3%A9es_quarante.
(5) GENSBURGER, Sarah, “Images d’un pillages. Album de la spoliation des Juifs à Paris, 1940-1944”, 2010, consulté le 15 mars 2016 sur https://www.academia.edu/386433/Images_d_un_pillage._Album_de_la_spoliation_des_Juifs_%C3%A0_Paris_1940-1948_.
SPOLIATION NAZIE 